| Notes |
Un lien avec la franc-maçonnerie arrageoise « M. Le comte Du Hamel, préfet du Pas-de-Calas, si zélé à recueillir des documents historiques, vient de trouver une copie authentique sur parchemin d’une charte portant établissement à Arras d’un souverain chapitre primatial et métropolitain de francs-maçons rose-croix, et il a fait généreusement don de ce titre important aux archives générales du département. Nous nous empressons de publier cette charte, qui met au jour une particularité que les historiens ont jusqu’ici paru ignorer. « Nous Charles-Edouard Stuwart, prétendant roi d’Angleterre, de France, d’Ecosse et d’Irlande, en cette qualité L.·. G.·. M.·. du chap.·. d’Hérédon, connu sous le titre de chevalier de l’Aigle, du Pélican, et, depuis nos malheurs et nos infortunes, sous celui de R.·. C.·. † (Rose-Croix), » Voulant témoigner aux maçons artésiens combien nous sommes reconnaissant envers eux des preuves de bienfaisance qu’ils nous ont prodigués avec les officiers de la garnison de la ville d’Arras, et de leur attachement à notre personne pendant le séjour de six mois que nous avons fait en cette ville, nous avons, en leur faveur, créé et érigé, créons et érigeons, par le présente bulle, en ladite ville d’Arras, un souverain chapître primatial et métropolitain de R.·. C.·.†, sous le titre distinctif d’Écosse-Jacobite, qui sera régi et gouverné par les chevaliers Lagneau, de Robespierre, tous deux avocats ; Hazard et ses deux fils, tous trois médecins, J.-B. Lucet, notre tapissier, et Jérôme Cellier, notre horloger, auxquels nous permettons et donnons pouvoir de faire, tant par eux que par leurs successeurs, non seulement des chevaliers R.·. C.·. †, mais même de créer un chapitre dans toutes les villes où ils croiront pouvoir le faire, lorsqu’ils en seront requis, sans cependant par eux ny par leurs successeurs pouvoir créer deux chapitres dans une même ville, quelque peuplée qu’elle puisse être ; et, pour que foi soit ajoutée à notre présente bulle, nous l’avons signée de notre main, et à icelle fait apposer le sceau secret de nos commandemens, et fait contresigner par le secrétaire de notre cabinet, le jeudi 15e .·. jour du 2e.·. mois, l’an de l’Incarnation 5745 .·. Etait signé : Charles-Edouard Stuwart, et plus bas, de par le roy, signé : Lord Deberkley Ste .·. ·/. » » Les historiens de Charles-Edouard n’ont point parlé du séjour que fit à Arras ce prince malheureux ; occupé de récupérer l’héritage de ses pères, absorbé par les soins de cette importante entreprise, ce prince vivait dans la retraite et n’avait aucun rapport avec les autorités du pays. Nous avons en vain interrogé nos archives municipales, les registres mémoriaux où étaient consignés les faits les plus importans de notre histoire, et nous n’avons rien trouvé de relatif au passage de Charles-Edouard à Arras. La charte qui vient d’être retrouvée est donc importante pour l’histoire, puisqu’elle comble une lacune de la vie de Charles-Edouard et qu’elle permet de le suivre dans son exil ; elle l’est aussi pour notre ville, puisqu’elle établit d’une manière positive le séjour jusqu’ici ignoré de l’illustre exilé à Arras. » Le lecteur vient de voir que parmi les dignitaires nommés par Charles-Edouard se trouvait un avocat du nom de Robespierre ; cet avocat était le grand-père de Maximilien de Robespierre, membre du Comité de Salut public sous la terreur. » Source : Courrier du Pas-de-Calais, du 19 mars 1853. En 1775, lorsque le chapitre de l’Ecosse Jacobite fusionne avec le Souverain Chapitre d’Arras à la Vallée de Paris, il compte le f.·. Lucet parmi ses officiers en exercice ; le frère que Charles-Edoouard aurait complaisamment appelé « notre tapissier » parvint à un âge avancé et tint jusqu’à sa mort en 1776, et malgré ses infirmités, le maillet de vénérable, à la loge de la Constance. Cette loge d’Arras passe pour être la première loge maçonnique de France (selon les historiens modernes de la franc-maçonnerie, cette affirmation tient plus de la légende que de la réalité). Pour savoir si cette charte est authentique ou tient de la supercherie, on se reportera à l’ouvrage d’Émile Lesueur : La Franc-maçonnerie artésienne au XVIIIe siècle, Leroux, 1914 – 388 pages. Petits malheurs de santé Un ancien chirurgien des armées du Roi, dans un ouvrage qu’il consacre à l’anatomie, relate une intervention qu’il eut à pratiquer à Arras laquelle sauva la vie de notre Jean-Baptiste. On reste sidéré par le manque de moyens de l’époque et de l’asepsie presqu’inexistante ; âmes sensibles, s’abstenir… : En 1766, le 2 de mai, je fus appelé en consultation, avec Mrs. de Larfé, Médecin de l’Hôpital Militaire d’Arras, Hazard, aîné & cadet, aussi Médecins, Roquille, Chirurgien-Major du Corps des Grenadiers de France, Courcol, Maître en Chirurgie, pour dire mon sentiment sur l’état du Sr. Lucet, âgé de 66 ans, Maître tapissier en cette ville, qui avoit une tumeur bleue & livide occupant l’aine & la bourse du côté droit. Le malade me dit qu’il y avoit trente ans qu’il étoit attaqué d’une descente, qu’il avoit essayé de contenir avec différens bandages ; qu’elle s’étoit toujours échappée ; que pendant près de vingt années il la faisoit rentrer, sans être même obligé d’ôter le bandage ; que depuis un tems assez considérable il n’en rentroient qu’une partie, qu’il n’avoit cessé de comprimer par le même agent. Il y avoit sept jours qu’il étoit dans l’étranglement, qui s’annonçoit par les nausées, les vomissemens & les hoquets. Le neuvieme jour, les accidens cesserent et la tumeur perdit considérablement de son volume. Je fis, en présence des Médecins & Chirurgiens ci-dessus, une incision perpendiculaire, depuis l’aine jusqu’au bas du scrotum. La chambre fut à l’instant infectée d’une odeur cadavéreuse & stercorale. L’intestin étoit criblé de points gagreneux ; je le mis à découvert, & je coupai, de droit & de gauche, le scrotum, qui étoit épais & gangrené. Je débridai l’anneau, pour mettre à l’aise la portion intestinale qui y étoit adhérent, & qui me parut saine. Je le pansai avec des plumasseaux & des compresses trempées dans du vin rouge, dans lequel on avoit fait bouillir une once de quinquina, & avec une emplâtre d’onguent de styrax, trempée dans la même liqueur. Je coupai chaque jour les portions intestinales gangrenées. Le cordon spermatique & le testicule, qui étoient atrophiés, se détacherent d’eux-mêmes sans hémorragie, le douzième jour. Nous avons évalué la portion intestinale, séparée à près de vingt pouces. Le quatorzième, il tomba, de cette plaie, qui étoit en gouttiere, des membranes épaisses. Il fut pansé jusqu’alors comme ci-dessus, ensuite avec le digestif ordinaire & l’emplâtre d’onguent de la mere. Je passai la pierre infernale autant de fois que les mauvaises chairs l’ont exigé. Le trente-deuxième jour de l’opération, il rendoit encore ses excrémens par la plaie. Les portions de l’intestin se sont rapprochées & collées dans l’anneau, & la plaie se cicatrisa en quarante-cinq jours ; de sorte que depuis il jouit d’une santé parfaite, & va à la selle par les voies ordinaires. » (Source : La Théorie du chirurgien, ou Anatomie générale et particulière du corps humain. Tome 2. par M. Durand, ancien Chirurgien Aide-Major des Camps & Armées du Roi. Paris, 1777, pp. 222-224.)
|